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Mercredi 19 janvier 2022, le premier ministre du Maroc faisait un bilan des premiers cent jours d’un gouvernement imposé à la suite d’élections douteuses, l’achat de voix étant assumé par la classe politique.

Qui gouverne le Maroc?

Aziz Akhannouch, héritier d’un proche du sérail a été préparé de longue date par l’état profond à porter le costume d’un meneur de meute effacé et impuissant. Pari réussi pour l’élite au pouvoir. Bien qu’il ait occupé le poste de ministre de l’agriculture depuis 2007 et parcouru pendant quinze années les provinces du Maroc pour faire campagne, Si Aziz a bien incarné l’impuissance dans un entretien préenregistré rythmé par d’évidentes coupures au montage, face à deux journalistes pourtant acquis et comptant l’un de ses communicants. Echine courbée, regard paumé, Si Aziz s’est montré incapable de mener une réflexion ou même de restituer des énumérations préparées. Les journalistes complétaient souvent les propos de celui qui cherche constamment ses mots sans toujours les trouver. Si Aziz cite peu de chiffres et leurs préfèrent des approximations souvent hâtives et parfois fausses. Pour ce qui est de la gestion de la pandémie, il avoue qu’il ne fait qu’exécuter les directives du comité scientifique sans demander ni donner d’explications à ses mesures démesurées. Idem pour l’éducation, Si Aziz ne semble pas être bien au courant des détails de la réforme en cours et dit faire confiance à Si Chakib Benmoussa.

Qui donc compose le comité scientifique? Qui donc est Chakib Benmoussa qui ne prend pas la peine de reporter au premier ministre son projet de réforme décidé en conclave? Et, qui donc gouverne?

L’image de déconfiture du gouvernement contraste avec le rythme effréné de campagnes de communication et de propagande adressées au monde des affaires et au tissu social.

En 2019, le ministre de la justice avait explicitement exprimé dans un entretien accordé à l’agence espagnole EFE que le gouvernement s’efforce à «  préparer la société très attachée à certaines traditions, qui est dans une région (arabe) traversée par le fondamentalisme et l’obscurantisme» et qu’il est « engagé et veut faire partie du nouveau monde, mais en tenant compte du tissu social », poursuivant que « l’Union européenne est le système de valeurs que nous partageons ». Le pouvoir marocain assume donc le fait de ne pas représenter le peuple qu’il gouverne et affiche sa désolidarisation de l’essence politique, culturelle et religieuse de la nation, et sa volonté de lui imposer un dogme étranger.

A cet effet, de nombreuses opérations de manipulation ont été orchestrées. Elles suivent souvent le même modus operandi : la provocation d’un scandale qui a pour but de pointer du doigt une libéralisation des moeurs de la société, la mise en branle d’un dispositif médiatique mettant en scène des militants associatifs fabriqués, une mesure de la réaction de la population permettant de vérifier si on peut pousser vers plus de libéralisation des moeurs. L’abrogation de lois allant dans le sens de la protection de l’institution familiale, et qui ne sont pas toujours en parfait accord avec les préceptes islamiques, est le but ultime mais n’est cependant pas l’objectif à court terme. Pour l’instant, celles-ci demeurent utiles au pouvoir pour faire chanter les opposants.

Toujours est-il que la femme est le grand objet fétiche de ces opérations. Elle en est souvent la cible comme l’a été la journaliste Hajar Raissouni instrumentalisée pour sa proximité avec le journal critique Akhbar al Yawm et ses liens familiaux avec un leader religieux. Sans preuve et en totale opposition aux préceptes islamiques, elle a été violée par l’appareil d’état et condamnée à un an de prison pour avoir prétendument eu un avortement illégal et des relations sexuelles hors mariage. Le Collectif Moroccan Outlaws fabriqué et resté silencieux face aux bavures de l’état commises au Rif, contre les instituteurs manifestants, et les esprits critiques, ; a trouvé opportun de surfer sur cette malheureuse affaire pour sortir de son sommeil profond et défendre les libertés des marocains. Dans une campagne à gros budget, sans précédent pour un mouvement marocain, le collectif a mobilisé tous les canaux médiatiques de l’état notamment des émissions sur les chaînes étatiques, jusqu’à acheter un grand encart en une du journal Le Monde. Qui finance?

D’autre opérations ont récupéré des scandales compromettants pour le pouvoir comme le chantage d’un professeur envers son étudiante : “séance de fellation” contre “validation” de l’année. “L’administration est dans ma poche chérie, jusqu’au ministre” le prédateur avait-il souligné dans un texto, trahissant la complicité des institutions. L’administration a pour habitude d’ignorer les plaintes des étudiantes. Qu’à cela ne tienne, le Collectif Moroccan Outlaws revient à la charge à contrepied de la cause initiale pour “ébranler une culture du viol bien ancrée dans l’écosystème universitaire”, cette fois dans le but de servir le mouvement de privatisation de l’enseignement supérieur. C’est un collectif qui prend la liberté de prendre la tangente. Et pourquoi pas après tout? Une députée à la solde du système et avec l’appui du Collectif, a quant à elle plaidé pour une réforme de la loi allant dans le sens de la campagne de propagande de la Finance “car lutter contre les violences faites aux femmes est une question d’égalité.”

Tous les moyens sont bons pour faire avancer la libéralisation des moeurs et les multinationales ont également mis la main à la pâte. Pour la fête de la Saint-Valentin, Mondelēz a promu sur le packaging d’un biscuit populaire auprès des enfants les relations amoureuses extra-conjugales. Un boycott immédiat a sanctionné la bavure. Des communicants ont partagé sur le réseau social LinkedIn leur regret de constater que le chemin est encore très long. Le fameux ministre de la justice bavard parce qu’il cherchait des faveurs en Espagne, avait bien prévenu que l’abrogation des lois criminalisant certains aspects de la vie privée comme la dépénalisation des relations sexuelles extra-conjugales, y compris les relations homosexuelles « n’est pas pour demain », car pour cela « nous devons préparer la société progressivement et sans heurts ».

Toutefois, à cette caste qui gouverne dans le mépris du peuple, le chemin ne paraît pas toujours semé d’embûches. “La normalisation avec Israël a fonctionné comme une autoroute” s’est félicité l’héritier d’un grand propriétaire terrien qui a communiqué en grande pompe sur la cession de parts de sa société à des israéliens. Il est passé au journal télévisé accompagné d’un visage connu de la franc-maçonnerie qui pour l’occasion faisait office de neggafa (embelisseuse de mariée). L’héritier au joli minois confiait alors que les investisseurs israéliens sont semblables à tout autre investisseur à cette différence qu’ils accordent une plus grande importance à la personne qu’ils endettent. Ils ont investi sur lui nous apprenait-il comme il nous a appris que son projet de production d’énergie renouvelable est très gourmand en terres, n’est pas sujet à un transfert de technologie, et reste tout à fait dépendant de subventions étatiques. Par la suite, c’est seul comme un grand, la mèche rebelle, que l’héritier s’est senti plus sûr de lui pour lâcher des affirmations branlantes mais sur un ton solennel face à un présentateur français qui sert la soupe, les journalistes marocains étant pleinement occupés en prison par les temps qui courent. Aurait-il tenu le même discours bancal face à eux? D’ailleurs, est-ce justement pour construire une autoroute pour la normalisation avec l’occupant sioniste que les esprits libres ont été bâillonnés? La normalisation ne serait-elle pas aussi bénéfique au Maroc qu’on le prétend?

A quoi rime la gouvernance coloniale du pouvoir?

Tortures et emprisonnements contre les journalistes, répression des mouvements sociaux, maltraitance des migrants, migrations forcées, prostitution forcée, mépris et instrumentalisation de la femme, déni des droits des citoyens, spoliation de terres, privatisations tous azimuts, monde associatif muselé, discriminations contre les musulmans, interdictions de manifestations, casse du service public ; la liste des frictions du pouvoir avec la société marocaine s’allonge de jour en jour . Et, l’appareil sécuritaire qui semble désormais gouverner en maître continue de sévir avec une escalade remarquée depuis la normalisation avec Israël.

Selon Ibn Khaldun, « S’il y a spoliation brutale, si des atteintes ouvertes sont apportées à la propriété privée, aux femmes, aux vies, aux personnes, à l’honneur des sujets, le résultat en sera la désintégration soudaine, la ruine, la rapide destruction de la dynastie, en raison des inévitables troubles suscités par l’injustice. » Devons-nous en conclure que l’élite au pouvoir au style de gouvernance colonial oeuvre à vider la monarchie de son essence? Ou est-ce une accusation dangereuse? On dit que l’histoire se répète, la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce. Les agissements de l’élite largement pénétrée et influencée par la maçonnerie française force à se poser la question malgré le climat de terreur. Je pense qu’il est sain de poser de la question, cela a le mérite d’écarter les doutes infondés.

Quelle que soit la gangrène qui touche la société marocaine, il est important de comprendre les causes et les origines de cette violence qui vise à effacer la mémoire collective, écraser la femme, réduire au silence et réduire les libertés.

Existe-t-il encore une place à la parole?

Dans un climat où les avertissements alarmants ne sont pas entendus et sont considérés impuissants, ce roman débute sur un récit autobiographique qui traduit l’âpre réalité de la société à travers la nature des relations humaines et la mise en exergue du poids de l’histoire et de la politique. Le récit se développe ensuite en une fiction qui projette les orientations politiques et sociétales constatées. C’est un choix d’expression qui fait un dessin de ce qui ce qui se profile et de ce qui pourrait nous attendre. En explicitant les mécanismes qui forcent la société à céder au principe de soumission, j’invite le lecteur à s’efforcer à accéder à la vérité et à méditer sur les conséquences de l’inaction.

J’ai choisi de partager des extraits du livre, quatre chapitres, avant sa parution afin de prendre en compte la réaction du public. Je le veux protagoniste de premier plan de mon ouvrage.

Bonne lecture!

 

Avertissement :
Les noms des personnages sont parfois modifiés.
Les dialogues sont une restitution de ce dont je me souviens qui s’approche au plus près de la réalité que j’ai vécue et que je n’ai jamais eu l’intention de reporter au moment des faits.

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